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Le Tết
Le Tết Nguyên Đán, plus simplement le Tết, est le premier jour du calendrier lunaire vietnamien.
C’est le début du printemps, le renouveau de la nature, chacun doit se mettre en paix avec lui-même, ses proches, ses relations, les vivants, la nature, pour se dépouiller de ses soucis, haines et autres noirceurs. Avant le premier jour du Tết l’on se sera acquitté de ses dettes impérativement. Et pour le Tết chacun portera un vêtement neuf.
L'année lunaire change, et c'est un nouvel animal qui en est le symbole.
Le culte des Génies du Foyer
Les Génies du Foyer, plus familièrement Ông Tao ou Tao Quân, scrutent et examinent toute l’année les propriétaires de la maison, et d’eux dépend le bonheur ou le malheur de la maison. Aussi la cuisine demeure-t-elle un des lieux les plus importants de la maison.
Selon la légende (décrite à Les Génies du foyer ), Dinh Phuc Tao Quân (littéralement «les Génies du Foyer qui décident du bonheur») se composent de trois divinités : Dieu de la cuisine, Dieu de la terre, Déesse des emplettes. Les Tao décident non seulement de la chance, du bonheur ou du malheur des propriétaires de la maison, mais ils empêchent également l’intrusion du mal dans la résidence et maintiennent une vie paisible pour tous les membres de la famille. Chaque année, le 23ème jour du 12ème mois lunaire, Tao Quân quitte l’autel pour présenter ses hommages à l’Empereur de Jade (Ngọc hoàng). Il ne reviendra qu’à la veille du Nouvel An lunaire (Giao Thua).
Étant donné que le Souverain du Ciel (Ngọc hoàng) distribue des récompenses ou des punitions pour l’année à venir selon les dires des Tao Quân, les offrandes consacrées à ces divinités sont très somptueuses.
Outre du riz, des fruits, des fleurs, des papiers votifs, les familles leur offrent trois vêtements en papier, dont trois chapeaux emboîtés et trois paires de bottes. Elles préparent également une carpe vivante servant de monture pour les Génies du Foyer. Une autre tradition offre deux carpes, une pour l’aller et l’autre pour le retour.
Après la cérémonie tenue généralement avant midi, les vêtements et les papiers votifs sont brûlés et les carpes sont relâchées dans un étang ou une rivière.
Cette coutume a deux significations. D’abord, la carpe nage bien et elle pourra passer Vu Môn (la Porte des Cieux) pour se transformer en dragon. Ainsi, les Tao Quân pourront monter au ciel sur une carpe, puis un dragon. D’autre part, cette coutume se réfère à la tradition bouddhiste de lâcher des animaux, ce qui est considéré comme une action généreuse qui apporte le bonheur.
Le dernier jour de l’année lunaire les divinités se réunissent au Palais de Jade pour présenter leurs vœux à l’Empereur céleste ; l’Empereur de Jade reçoit le rapport de chaque génie du foyer (ông tào). Il fait, dirait-on en langage contemporain, un « bilan individuel » et leur donne à chacun sa « nouvelle affectation » car les génies tutélaires changent tous les ans.
C’est pourquoi, à partir de minuit la veille du nouvel an lunaire, dans les familles et dans les pagodes une cérémonie (Giao thua) remercie l’ông tào qui part et accueille le nouveau.
Les hommes sont donc privés de leurs génies tutélaires invités chez l’Empereur de Jade (Ngọc hoàng) pour sept jours, ainsi que des divinités protectrices des villes, des rivières, des montagnes ou des plaines ; ils se trouvent livrés à la malignité des démons qui, ce jour-là précisément et jusqu’au septième jour du Tết, sont libérés de l’enfer et lâchés parmi les vivants.
Mais l’on a pris la précaution, au dernier jour de l’année lunaire, de planter devant la maison le cây nê, un bambou déplumé à l’extrémité duquel on a hissé un papier rouge marqué des huit signes qui feront de cette amulette le meilleur repoussoir à démons et fantômes, on y a également accroché un petit panier avec du bétel et de noix d’arec pour les génies bienfaisants et quelques instruments de musique qui sonnent harmonieusement avec le vent, sans oublier un carré de bambou tressé, barrière contre les esprits malfaisants, ni les ornements en plumes de coq multicolores. Celle-ci constitue aussi un signal pour les défunts afin qu’ils ne se perdent pas en route. Le cây nêu restera planté sept jours jusqu’au retour des divinités et génies. Cette tradition est encore plus ou moins suivie à la campagne mais elle est disparue en ville.
En certains endroits c’est un abricotier ou des branches d’abricotiers qui jouent ce rôle protecteur en souvenir de deux génies bienfaisants et très puissants : Trà et Uât-Luy. Ils vivaient dans une région montagneuse dans un grand abricotier plusieurs fois centenaire, exterminant tant de démons et fantômes que bientôt à la seule vue de l’arbre ces malfaisants s’éloignaient promptement de toute la région. Quand Trà et Uât-Luy allaient présenter leurs vœux à l’Empereur de Jade (Ngọc hoàng), les gens mettaient des branches d’abricotier avec une amulette et les portraits des deux génies devant leur maison pour la protéger… Cela fonctionnait, c’était en un temps dont on n’a plus connaissance.
Cependant, les génies étaient souvent été impuissants face à un fleau terrifiant : la peste ! Jusqu’au jour où, selon la légende, l’Empereur Dinh-Tiên-Hoàng connut une solution à cette épidémie redoutable ; un génie bienfaisant lui indiqua de répandre de la chaux tout autour de chaque maison du Royaume et, pour conjurer le mauvais sort, de dessiner un arc et des flèches sur ce lit de chaux. Ce qu’il fit avec succès. C’est ainsi que dans les années 60 en certains endroits cette coutume se respectait encore au moment du Tết.
Des génies, il y en a de bons et de mauvais, il faut savoir s’attirer les grâces des uns et chasser les autres. Dans cette dernière catégorie, Na-ông et sa compagne Na Bà étaient particulièrement méchants, plus particulièrement dans les ténèbres, car ils craignaient la lumière et le bruit. Ils étaient très nocifs pendant que les ong tào étaient chez l’Empereur de Jade (Ngọc hoàng) où eux refusaient de se rendre. Un jour, des hommes mirent des charges de poudre dans des bambous et y mirent le feu… Les génies prirent immédiatement la fuite On ne les revit jamais dans cette contrée. De nos jours, les pétards en chaîne éclatent sans interruption.
Tết et les cérémonies aux ancêtres
Dans chaque foyer, on consacre l’après-midi de la veille du Tết à préparer les cérémonies en l’honneur des défunts (Tât-Niên) invités à se revenir sous le toit familial pour trois jours de célébration de l’harmonie des humains et de l’Univers. Les cérémonies se feront à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur de la maison. Celles à l’extérieur sont destinées aux divinités célestes très pressées, qui n’ont pas le temps pour entrer dans la maison, et celles à l’intérieur sont consacrées aux ancêtres de la famille. Des coupes chargées d’offrandes de fruits, des fleurs et des assiettes copieusement garnies de différents plats traditionnels sont déposés sur les autels et des encens aux parfums grisés sont brûlés continuellement.
C’est à minuit tapante que les âmes des ancêtres reviennent sur la terre pour rencontrer les vivants. Toute la famille se met debout devant l’autel pour les accueillir. Chacun se prosterne à tour de rôle pour les saluer. Le chef de famille invite par la suite les esprits à manger avec les vivants le premier repas du printemps.
Le jour du nouvel an vietnamien, dès le lever du soleil, toute la famille se réveille pour se souhaiter ses meilleurs vœux de bonheur, longévité et de prospérité. On offre aux enfants, en remerciements de leurs vœux, des enveloppes de papier rouge contenant de petites sommes, « Bao lì xì » en vietnamien. C’est le moment préféré de tout le monde, surtout des petits ! Certains participent aussi à une cérémonie des oracles (jadis observation des pattes de poulet, consultation de l’almanach du bureau impérial de l’observatoire de Hué…) pour connaître l’heure à laquelle il est favorable de sortir de chez soi ce jour-là.
En effet, le matin du premier jour de l’an nouveau, il est essentiel de savoir qui sera le premier visiteur chez soi et dans quel ordre « chronologique » l’on doit se rendre chez ses voisins et proches afin d’attirer le bonheur, la santé et la prospérité sur son foyer ou sur celui que l’on visite. La matinée se passe ainsi de visite porte-bonheur en visite porte-bonheur. En outre, la présentation d’offrandes sur les autels des ancêtres continue.
Si les narcisses blancs s’ouvrent au matin du premier jour, c’est là un signe de prospérité. Car les narcisses sont nés d’une fée bienfaisante. Cette fée, voyant le désespoir d’un jeune homme que ses frères venaient de déposséder de l’héritage paternel, ne lui laissant qu’un champ inculte, était apparue au jeune homme pour le consoler. Elle avait alors révélé que le sol recelait les germes d’une fleur de grande valeur. Au printemps suivant, le terrain se couvrit de fleurs blanches parfumées ; les seigneurs et les riches voulurent tous en avoir et le jeune homme devint très riche.
Les fêtes du Nouvel An vietnamien se poursuivent jusqu’au crépuscule du 3ème jour du 1er mois. Entre-temps, les vietnamiens continuent à faire la fête. Les jeux de hasard, les théâtres traditionnels et les devinettes sont les activités de loisirs les plus pratiquées.
Le troisième jour du Tết une cérémonie particulièrement faste honore les ancêtres (qui ont été invoqués deux fois par jour à chaque repas), avant qu’ils ne quittent le monde des vivants et rentrent chez eux non sans laisser grâce et protection.
Au quatrième jour, les ancêtres regagnent leur demeure céleste, on visite alors les tombeaux, la vie reprend peu à peu son cours normal. Dès lors l’on peut jeter les ordures que l’on a gardées chez soi. Il y a bien longtemps, un commerçant amoureux d’une jeune femme en fit sa concubine ; or il devint de plus en plus riche, par la seule présence de la jeune femme ses coffres s’emplissaient. Mais un jour il la roua de coups alors qu’elle avait cassé par mégarde un objet auquel il tenait beaucoup. La jeune femme s’en fut se cacher sous les ordures. L’homme ordonna alors que l’on jeta les ordures dans la cour mais quand il les fouilla la jeune femme avait disparu et de ce jour, il devint pauvre.
Enfin, le septième jour du premier mois, on enlève le cây nêu, les génies tutélaires sont à leur place et les démons sont retournés en enfer.
Les mets du Tết
Le « Bánh chưng » : Gâteau de riz gluant fourré de viande, haricot mungo et poivre, enveloppé dans des feuilles de bananier et accompagné de salaisons de légumes. Dans le nord, le Bánh chưng a une forme carrée (symbole de la Terre) et dans le Sud, une forme cylindrique (symbole du ciel et de la fécondité). Ce met exige une préparation longue et délicate de 2 jours.
Dưa : carottes, oignons et choux marinés
Mứt : fruits secs confits
Thịt Kho Tàu Nước Dừa : Viande cuite dans le jus de noix de coco. C’est un plat traditionnel à base d’abats de porc et œufs durs cuits dans un bouillon de jus de jeune noix de coco et de nước mắm.
Origine du Tết
Le Nouvel An vietnamien a un lien avec les cycles agricoles. Cette célébration marque en effet la fin de l’hiver et le début du printemps, donc le lancement d’un nouveau cycle de récoltes. Il s’agit d’une fête pendant laquelle de nombreuses traditions doivent être respectées pour s’assurer de passer une bonne année.
Une des explications sur le terme Tết vient d'ailleurs de ce contexte. Le mot « têt » pourrait être dérivé de « tiêt », soit une mesure de temps inhérente à la riziculture qui distingue 24 « tiêt » dans une année. « Nguyên » signifie « l’origine » et « Đán » est synonyme d’ « aurore ». Ainsi, le « Tết Nguyên Đán » est a priori une fête marquant un nouveau cycle de travaux agricoles, tel que l’on peut en relever dans le delta du fleuve Rouge, là encore bien avant la domination chinoise.
Une autre explication rapprocherait le Tết de ses origines chinoises : le terme Têt viendrait du sino-vietnamien 節, dont la prononciation vient du chinois médiéval, /tset/, en vietnamien « Tiết », au moment où sa prononciation est devenue /tsiet/. Il signifie fête ou festival en chinois.
Il est important d'ailleurs de mentionner que le Tết n’est pas que la version vietnamienne du Nouvel An chinois.
D’origine rizicole, la célébration du Nouvel An préexiste à l’invasion chinoise, au Vietnam, invasion qui remonte au IIe siècle avant Jésus-Christ. Certaines des coutumes que l’on connait encore de nos jours, telles que la tradition de confectionner des Bánh chưng ou encore le culte des Génies du Foyer pourraient en fait remonter jusqu’au Xe siècle avant Jésus-Christ, soit donc huit siècles avant la période chinoise.
Beaucoup d’autres légendes anciennes viennent d’ailleurs corroborer cette hypothèse qui veut que nombre de rites pratiqués par les Vietnamiens à l’occasion du Nouvel An lunaire ne relèveraient pas de la tradition chinoise, même si celle-ci a pu, mais seulement plus tard, les remodeler.
Références à
- https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%AAt_(Vi%C3%AAt_Nam)
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